Portraits exquis
traduzione e introduzione di Ida Vernet
2011
Silvia RoncheyArléa
"Flaubert et sa robe de chambre écarlate, Borges qui voyait le paradis comme une bibliothèque, Pythagore qui caressait les ours. Et saint Augustin, Balzac, Marc Aurèle, Freud, Kerouac, Thérèse d'Avila, Voltaire, Zénon, Schopenhauer, Sénèque... Ces micro-biographies sont autant de médaillons emblématiques et inattendus de l'esprit et du style d'un auteur. Chaque portrait est une mosaïque de citations, de détails insoupçonnés, minutieusement choisis par Silvia Ronchey, retaillés, enchâssés, comme les fragments épars d'une vaste fresque où sont réunies les plus grandes figures de la pensée et des lettres." (Dalla quarta di copertina)
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Arléa | 01/06/2011 | Aurélie Julia, note de lecture sur Silvi…, Aurélie Julia
Une anthologie? Un reeueil ? Un spicilège? L'ouvrage de Silvia Ronchey ne se range derrière aueun de ces qualificatifs: il faut puiser aiIleurs, notamment dans le registre sentimental. Les Portraits exquis relèvent en effet davantage d'une promenade amoureuse parmi trois mille ans de littérature que de morceaux choisis selon des cTItères préalablement déterminés. À la chronologie temporeIle, l'auteur préfère le classement alphabé tique : on pourrait se plaindre d'un tel choix et reprocher le manque de stratégie; on doit au contraire applaudir l'initiative: chaque petit chapitre surprend par des voisinages inattendus. Qui còtoie Dickens? David et Empédocle. Qui entoure Verlaine? Thérèse gile. ment Rilke se d'Avila réjouir peut et égalede Vlfsa compagnie: à sa droite Romanos le Mélode, à sa gauche Pythagore. Qu'ils aient 2500 ans ou qu'ils soient morts hier, les soixante-cinq personnages de celte étonnante sarabande paraissent tous plus vivants les uns que les autres. La vivacité tient à l'ossature des médaillons ainsi qu'au style littéraire; Silvia Ronchey toume le dos à l'érudition faetuelle, boude les dates et les détails familiaux qui tiennent plus de la tentation romanesque que de la vérité; sa pIume se focalise sur la philosophie des etres et sur leurs méditations métaphysiques; les biographies semblent dès lors obéir à un seuI principe, celui du plaisir intellectuel.
Résultat? Le lecteur a l'impression de regarder une pierre prédeuse à mille facettes: les portraits chatoient et fascinent. La langue participe bien SÙf de l'alchimie; en nous régalant de tours poé tiques, elle nous ouvre les portes de mondes souvent inconnus et rend accessibles les propas d'hommes ilJustres. En deux substantifs et trois épithètes habilement sélectionnés, une figure se dresse devant nous. Écoutez donc: • Huysmans avait une peau de Flamand, un nez de vautour, des yeux gris lavande, saturés d'exaspération et de fatigue.; • Sous la longue perruque bouclée imposée par Louis XIV, [le} front [de PerraultJ était bas, ses yeux trop rapprochés et son regard glacia\. Le nez faisait penser à un bec d'oiseau prédateur, et les lèvres fines dessinaient un vague sourire de défi .. ; • Enfant, [H6Iderlin} comprenait le silence de l'éther mais le langage des hommes, il ne le comprit jamais.• La voix de l'auteur se glisse parfois entre les citations quand elle ne s'approprie pas des fragments d'ceuvres paur en extraire la pulpe et ainsi mieux reproduire l'essence de la pensée. En effaçant toute forme de frontières - temparelles, spatiales, linguistiques, spirituelles -, les Portrais exquis donnent à entendre un chant, un hyrnne à l'unité retrouvée. La traductrice Ida Marsiglio piace le livre sous l'égide de Flaubert; on ne contredira pas ce beau patronage : • Ne lisez pas comme les enfants lisent, paur vous amuser ., avertit le père de Madame Bouary, ·ni comme les ambitieux lisent, paur vous instruire. Non, lisez paur vivre...
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| 30/06/2011 | Le monde des livres, René de Ceccatty
L'Enéide était inachevée à la mort de Virgile et c'est l'empereur Auguste qui en ordonna la publication posthume, contre les dernières volontés de l'auteur et pour le bonheur de la postérité. De même le De natura rerum parut grâce aux soins de Cicéron, une fois disparu Lucrèce, dont la vie nous reste totalement inconnue. Terence serait mort d'avoir perdu ses dernières comédies dans un naufrage : lui-même non pas noyé, mais "terrassé de douleur" sur les rives de l'île de Leucade. Selon le philosophe Arrien, le fameux noeud gordien, inextricable, ne fut pas tranché d'un coup de lame par Alexandre, mais soigneusement et patiemment désembrouillé en desserrant l'étau qui maintenait l'écheveau. Quand Sapphô découvrait une de ses disciples mariée au bras de son époux, elle s'évanouissait. Pétrone ne se serait pas tué, contrairement à la légende. Mais il aurait vécu avec un ami sur les routes, en prenant pour amants des vagabonds, des gladiateurs en cavale, et en jouant les faux magiciens. Henry James affirmait avoir entendu dans les ruines de l'amphithéâtre de Lyon les hurlements des martyrs chrétiens. Aldous Huxley mourut le jour où Kennedy fut assassiné... Les anecdotes littéraires dont fourmille le délicieux et brillant dictionnaire personnel de Silvia Ronchey sont pour certaines connues. Mais de nombreuses relèvent de la haute érudition. Cette spécialiste de la civilisation byzantine reprend la tradition savante et caustique de Boccace, de Vasari, de Walpole, de Borges et, plus près de nous, d'Alberto Manguel. Poètes, philosophes, artistes, sages et saints se côtoient dans cette encyclopédie des hommes et femmes illustres, d'Apulée à Zénon. Lettré mais léger, l'abécédaire de Silvia Ronchey peut se lire aussi comme un manuel de mélancolie bien pensée. La présence de Sénèque, saint Augustin, Leopardi, Baudelaire, Flaubert, Schopenhauer, Nietzsche avertit le lecteur qu'il n'y trouvera guère de leçons d'optimisme. Mais les esprits les plus pessimistes sont loin d'être les plus dépourvus d'humour. On pourrait utiliser ce livre singulier comme un jeu. Il suffirait de lire les définitions concises et spirituelles que propose l'auteur et de laisser deviner la personnalité ainsi définie. "Il entendait accomplir par la plume ce que Napoléon n'avait pas réussi par l'épée" ? Balzac. "Il joua à la guerre, occupa une ville, ne s'inclina jamais devant le pouvoir ni ne crut complètement à ce qu'il faisait" ? D'Annunzio. "A cinquante ans, lorsqu'il lisait en public des pages de ses romans, son visage prenait tour à tour les innombrables masques de la folie de ses personnages" ? Dickens. "Il ne gardait pas de crâne sur sa table de travail, mais souvent, lorsqu'il observait les femmes, il lui semblait apercevoir leurs squelettes" ? Flaubert. Quant à Apulée, l'auteur de l'Ane d'or, l'inventeur du roman, il fut condamné à mort pour sorcellerie, empoisonnement, pédérastie et cheveux longs. Mais il fut sauvé par la Grande Mère des Eaux, qui lui accorda l'immortalité. Il semble qu'il erre encore parmi les humains, mais invisible.
Portraits exquis (Il Guscio della Tartaruga), de Silvia Ronchey, traduit de l'italien par Ida Marsiglio, Arléa, 224 p., 17 €.
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| 06/10/2011 | Valeurs actuelles, B.V.